Ville prudente – test Zone 30 – Volouise

Conseil municipal du 30 mai 2024

La présente délibération propose de lancer, à titre d’expérimentation, des aménagements sur une petite portion (600 m) de Volouise au titre du dispositif « Ville prudente ».

Si l’objectif final ne peut être que partagé, l’approche présentée et retenue par la municipalité pose de nombreuses questions et ne s’inscrit pas dans les meilleures pratiques préconisées par les organismes intervenant sur le sujet.

Tout ça, pour un coût très élevé (500 000 €).

Demandant un approfondissement de ce travail, nous avons voté contre cette délibération.

Voici notre intervention en séance.


Le quartier de Volouise est un quartier résidentiel globalement limité à 30 km, déjà doté d’aménagements variés (écluses, coussins berlinois, potelets) parfois disparates.

Malheureusement, le constat est que, sur certaines portions, les voitures dépassent cette limitation et créent de l’insécurité pour les piétons et les cycles.

Cet état de fait a engagé une réflexion avec le conseil de quartier pour sécuriser les déplacements et obliger aux respect des 30 km/h : réduction de la largeur de la voie, chicanes, agrandissement des trottoirs.

Nous partageons tout à fait l’objectif de quartier apaisé – ou plus généralement le concept de « ville apaisée, quartiers à vivre ».

Par contre, nous questionnons le projet proposé : est-il raisonnable de dépenser un demi-million d’euros sur 600 mètres linéaires ?

Si Volouise est une « zone 30 test » du dispositif « Ville prudente », qu’est-ce qui a guidé la priorisation des zones à traiter, et pouvons-nous accéder au diagnostic ?

En premier lieu, sur l’état des lieux,

Nous pensons qu’il est pertinent de traiter en priorité les points noirs de ce quartier, pour mettre en sécurité les plus fragiles, piétons et cycles:

  • sécurisation des abords du groupe scolaire,
  • des traversées piétons / cycles comme par exemple au droit de la rue du Péage / rue de Bouvardière
  • penser le raccordement à la voie verte au carrefour André Malraux / avenue 11 Novembre
  • compléter la signalétique aux entrées (joyeux mélange de « zone 30 » et limites de vitesse)

Permettez moi de revenir sur un élément de la vie de tous les jours: les problématiques de stationnement anarchiques aux abords des écoles.

Il ne s’agit pas d’un problème isolé à Voreppe, loin de là ! Les signalements y sont nombreux, par exemple sur l’école Achard, qui se trouve à 100 m de l’avenue André Malraux !

Ce n’est pas anodin : il s’agit de la sécurité de nos enfants, de la santé et du vivre-ensemble.

Des solutions simples, pas forcément coûteuses existent pour agir à la fois sur la sécurité routière et la qualité de l’air dans les écoles : aménager, piétonniser les abords (notamment via les aires piétonnes temporaires) et cela se décline dans des programmes ambitieux « rues aux écoles » à Paris, « Place(s) aux enfants » à Grenoble, … et ailleurs !

Nous regrettons que cette réflexion ne soit même pas démarrée : ce serait pourtant la bonne occasion pour commencer à expérimenter !

On ne peut pas s’enorgueillir de la forte mobilisation des élèves de Voreppe au concours des écoles à vélo, porter la « Faites du vélo » au Pays Voironnais en Mai avec le SMMAG et se désintéresser à ce point des problématiques d’accès aux écoles en modes actifs.

Alors c’est vrai, il faudrait un peu d’ambition …

Revenons au projet présenté,

Il est attrayant et propose un traitement très qualitatif, un embellissement de la portion travaillée et améliorera le confort des piétons. Nous comprenons donc l’adhésion du comité de quartier.

Par contre, pour une opération aussi ponctuelle, le coût (500 000 €) pose question : n’y avait-il pas moyen d’atteindre l’objectif souhaité de mise en sécurité à un coût moindre ? La création d’espaces verts est louable, mais pour la même somme, pourquoi ne pas traiter une zone plus étendue ?

Enfin, sur le contenu, les détails présentés ne semblent pas refléter « l’état de l’art » sur l’aménagement des zones 30, en particulier sur la question des modes actifs.

Si on regarde un aménagement récent, l’écluse réalisée à l’entrée sud de la rue de Bouvardière réalisée en 2023, ne comporte pas de « by-pass » pour les vélos.

C’est un exemple type de réalisation inadaptée, alors que les bonnes pratiques [1], comme les « Recommandations pour des aménagements cyclables » du CERTU (devenu le CEREMA [2]) l’indiquent depuis plus de vingt ans. (Dans une telle écluse, le cycliste doit trouver, de chaque côté de la voie, un « by-pass » d’une largeur de 1,30 m à 1,50 m environ pour circuler sans gêne).

En conclusion,

Nous demandons donc le retrait de cette délibération pour que ce projet soit retravaillé, en dissociant :

  • d’une part, les aménagements de sécurité, qui peuvent être expérimentés et travaillés avec les usagers dès maintenant,
  • d’autre part, les opérations d’embellissement qui doivent être mises en regard des autres besoins et des capacités de la commune.

[1] Les lecteurs (et les élus de la majorité) pourront consulter les différents éléments suivants :

[2] Le CERTU est devenu le CEREMA : Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement. Cet organisme opère sous la tutelle du Ministère de l’Environnement.